Entrez dans la danse

Une étrange épidémie a eu lieu dernièrement
Et s'est répandue dans Strasbourg
De telle sorte que, dans leur folie,
Beaucoup se mirent à danser
Et ne cessèrent jour et nuit, pendant deux mois
Sans interruption,
Jusqu'à tomber inconscients.
Beaucoup sont morts.
Chronique alsacienne, 1519

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Entrez dans la danse

Une étrange épidémie a eu lieu dernièrement
Et s'est répandue dans Strasbourg
De telle sorte que, dans leur folie,
Beaucoup se mirent à danser
Et ne cessèrent jour et nuit, pendant deux mois
Sans interruption,
Jusqu'à tomber inconscients.
Beaucoup sont morts.
Chronique alsacienne, 1519

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Entrez dans la danse

Entrez dans la danse

by Jean Teulé
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Overview

Une étrange épidémie a eu lieu dernièrement
Et s'est répandue dans Strasbourg
De telle sorte que, dans leur folie,
Beaucoup se mirent à danser
Et ne cessèrent jour et nuit, pendant deux mois
Sans interruption,
Jusqu'à tomber inconscients.
Beaucoup sont morts.
Chronique alsacienne, 1519


Product Details

ISBN-13: 9782260032168
Publisher: Groupe Robert Laffont
Publication date: 02/01/2018
Sold by: EDITIS - EBKS
Format: eBook
Pages: 115
File size: 1 MB
Language: French

Read an Excerpt

CHAPTER 1

Strasbourg – 12 juillet 1518

Rue du Jeu-des-Enfants, une femme sort d'une maison avec le sien dans les bras. Elle est blonde, constellée de taches de rousseur sur le nez et les pommettes sans doute dues au soleil encore brûlant aujourd'hui à l'approche de midi. Retenu au creux d'un coude gauche, le nourrisson ébloui, de trois mois, grimace. La jeune mère très mince, contre le front du petit, étend les doigts de sa main droite en visière pour le protéger de la lumière. Pâle, sans éclat ni luxe – robe grise de crin rêche et vaste voile noir usé enveloppant l'enfant nu dont la peau est si fragile –, ses pas la guident le long de la voie dans un choc régulier de sabots à travers des excréments en putréfaction, des odeurs fétides, des nuées de mouches. Aux abords d'une place entourée de façades à colombages, contre la porte d'un asile, décorée d'une croix, qu'on n'ouvre pas, des gens en haillons tambourinent. L'enfant frémit. La blonde lui bouche les oreilles. Il plisse ses lèvres pour pleurer, elle y dépose un index et traverse un marché vide sans rien aux étals. À présent, sous les arcades d'une rue plus large, les galets arrondis qui la pavent tordent les chevilles de la mère jusqu'à un imposant bâtiment officiel surmonté d'une girouette aux couleurs rouges et blanches de la ville. Elle poursuit tout droit, atteint, à l'ombre des remparts, un pont couvert chapeauté d'une toiture. Au milieu de cette passerelle, elle s'arrête et jette son enfant à la rivière. Dans une onde chargée de chaux éteinte, mauvaise à boire, le nourrisson balance. Ses petits membres y ondulent comme s'il dansait. Il culbute, roule parmi les remous pollués, pivote encore sur lui-même puis coule. Sa génitrice se retourne. Tout est dit pour elle. Par une venelle isolée où la misère pleure, pauvre voile sans boussole, sans étoile, elle s'égare ensuite sous le drapeau de l'évêché devant la somptueuse demeure privée de l'évêque. Un va-etvient de lourdes cloches sonne midi à la cathédrale, plus haut édifice d'Occident. Celle qui a foutu son fils à la baille lève la tête. Un nuage passe. L'éclat du soleil se voile d'un crêpe alors les ombres roulent sur les sculptures des trois portails – représentations de saints, de prophètes, vices terrassés par des vertus, vierges sages et d'autres folles. Les statues intégrées à l'architecture, fondues dans la pierre, semblent en surgir et s'animer d'un pied sur l'autre. Les corps taillés dans du grès rose paraissent bouger autour des vitraux colorés de l'immense rosace. L'infanticide revient rue du Jeu-des-Enfants.

Sous une enseigne vermoulue où l'on peut encore déchiffrer Au Copeau de Bois écrit en langue germanique (Holzspäne), décorée d'une imitation agrandie de fragment de sapin, la belle à taches de rousseur ouvre la porte d'un atelier de gravure sentant l'essence d'épineux et l'encre d'imprimerie. À sa gauche, un artiste de son âge, devant la planche qu'il évide sur un pupitre incliné, pose sa gouge et se tourne vers elle:

— Tu l'as fait?

— Oui.

C'est en dialecte allemand strasbourgeois piqueté de mots français que, devant celle revenue les mains vides, il regrette:

— Tu aurais dû me laisser y aller. Je te l'avais dit.

Lui, grand et maigre avec son allure d'épouvantail, une émaciée figure barbue renvoyant au satyre de l'Antiquité, tente de se justifier devant sa pâlotte assise, tête enlisée à on ne sait quelle absurde profondeur:

— Enneline, en ces temps où le malheur et le poil poussent davantage que l'herbe, tu n'avais plus de lait. On n'aurait pas pu le nourrir. Et puis c'est mieux que de l'avoir mangé comme d'autres le font.


Tap, tap, tap, tap ...

Enneline ne répond rien. Les fesses sur un banc près d'une presse de graveur, elle tapote longuement en rythme, du bout des ongles, le rebord de l'appareil à imprimer – tap, tap, tap ... – puis se lève. Laissant la porte de l'atelier ouverte elle sort dans la rue. En sabots, Enneline étend une jambe derrière elle comme chaussée d'une ballerine et renverse son visage vers le ciel. La blonde pirouette et creuse ses reins, se penche très en avant en soulevant haut ses mains dont elle écarte les doigts. Elle fait un pas de côté puis de l'autre. Ses semelles en bois entrechoquent des immondices. Elle se lance dans un demi-tour, écartant ses bras qu'elle étend avec grâce puis remue en un battement d'ailes de libellule.

CHAPTER 2

Toujours dans cette même voie aux écuries dépourvues de hennissements et aux forges silencieuses, un drapier sans clientèle, voisin de l'atelier de gravure, sort prendre l'air sur le seuil de son magasin. Il gratte sa calvitie couverte de gale d'un air très étonné en ouvrant grand la bouche comme un gobeur de mouches:

— Ben, qu'est-ce qui lui prend à la Troffea de danser ainsi?

Le galeux tourne la tête vers le jeune barbu ébouriffé qui, décontenancé sous son enseigne décorée d'un copeau, contemple Enneline. S'approchant de l'artiste, le drapier demande:

— Hé, Melchior, pourquoi ta Frau (dame) fait ça?

De l'autre côté de la virevoltante et de la rue du Jeu-des-Enfants, dans une maison en briques, un couple (Attale et Jérôme Gebviller) installé sur des tonneaux de part et d'autre d'un plus gros debout – demimuid faisant office de table – vient de finir son repas. Une étroite fenêtre, aux carreaux de verre multicolores traversés par les rayons obliques du soleil, éclaire un peu la pièce sombre. Sur le plateau circulaire du demi-muid sans nappe, un rai de clarté rouge illumine, à l'intérieur d'une écuelle en terre, la carcasse étêtée aux côtes grillées qu'on pourrait croire d'un cochon de lait mais c'est celle d'une enfant. D'autres os de petite fille sont posés à même le chêne en une clarté jaune devant une mère brune comme la nuit qui, en silence avec un éclat de tibia, se cure les dents dans une lumière verte.

— Ne fais pas ça! Ne fais pas ça, Attale! ...

En face de celle aux lèvres exsangues, osseuse et maigre comme une chienne affamée, un juron alsacien s'envole aussi de la bouche à moustache du mari affolé qui se lève, laissant Attale seule à table entre les débris honnis d'un désastre. Le tonnelier suffoque puis, glisse devant la fenêtre en passant par toutes les couleurs, il rejoint la porte ouverte et déplore, dévasté:

— Mais où on en est arrivés?! ...

Découvrant le rythme du choc hypnotique des sabots d'Enneline dehors, il entend comme un flot qui pleure sur le bonheur mort puis au bout d'un moment sort. Il étire un bras pour, de sa pogne calleuse, saisir une main délicate de la femme du graveur-imagier et ensemble ils dansent la carole au milieu de la rue ...

CHAPTER 3

L'un devant l'autre et tapant des talons en cadence, les deux aux doigts emmêlés s'approchent puis reculent, tournent sur eux-mêmes pour se rejoindre ensuite et recommencer. Profitant d'un éloignement, Melchior Troffea s'intercale devant sa femme qu'il enlace mais elle le fuit comme une eau limpide en faisant deux pas en arrière avant que de venir reprendre la main de l'ogre Gebviller. Elle a laissé glisser de ses épaules le voile noir que Melchior ramasse dans des déjections sans quitter des yeux celle dont une partie d'elle-même semble avoir fui l'univers. Le tonnelier ne va pas mieux. Ancien corpulent, sa peau est aujourd'hui avachie, ses joues pendent comme s'il avait eu pour père un orang-outan et son âme paraît, soudain, être en contact avec le néant. Sur des jambes cagneuses il ballotte sans joie de la tête et des mains, le regard aussi absent que celui de la femme du graveur qui les plaint tous les deux.

Pendant ce temps un manœuvre à bonnet de maçon en toile, s'étant approché du drapier devant la porte ouverte des Troffea, observe les deux danseurs puis pivote pour reluquer l'intérieur de l'atelier. Sur la presse à imprimer une feuille volante illustrée l'intrigue:

— Ça représente quoi?

Le drapier, quoique éberlué par le spectacle de la rue, se retourne quand même:

— C'est la chute de la pierre de tonnerre tombée au sud de Strasbourg.

Le manœuvre surpris de percevoir une météorite quittant les nuages, d'un haussement de pouce au sommet du front, remonte le bord de son bonnet:

— Ah bon, il y a eu ça aussi? Je ne savais pas. Maintenant, si même les étoiles se mettent à nous chier dessus! ... Et sur ce pupitre, la gravure en cours montrera quoi?

Alors que l'interrogé découvre une image inachevée parmi les instruments du graveur, celui-ci rentre déposer le voile de sa femme tandis que le voisin aimerait savoir:

— C'est quoi, là?

— Des nouveau-nés siamois puisque ces tempsci on assiste dans Strasbourg à tant de naissances anormales.

Le drapier n'en revient pas:

— Des enfants soudés par le front ... Dieu est-il devenu fou?

— Je finissais de les représenter quand Enneline est revenue du pont du Corbeau.

— Ah, vous aussi ...

— Comment faire autrement? grimace l'imagier. Chez nous, on en est à mâcher nos feuilles de papier destinées aux gravures que, de toute façon, nous ne vendons plus. On ronge la réserve comme des rats.

Le manœuvre, lui, contemple longuement la paire d'enfants mis en image, réunis dans un même destin fatal, mais, après avoir aussi lorgné le tonnelier dansant, il plaisante:

— Au moins, ça fait le double à bouffer!

Il s'esclaffe de sa propre blague puis, guignant à nouveau les danseurs, il ne rit plus du tout, soudainement pris de secousses dans les coudes et ses genoux qui l'entraînent vers Enneline et Jérôme.

— Qu'est-ce qu'il a, lui? demande Melchior au drapier.

— Deux fils qui, afin de sauver leurs parents de la famine, sont allés se faire engager par la France comme mercenaires pour une guerre en Italie d'où ils ne sont pas revenus. Ils doivent pourrir ensemble sous des citronniers de Toscane ...

— Ah? Et sinon, toi?

— Tu le sais bien, trop de dettes qui me pèlent la tête envers le clergé usurier, la confiscation de mes biens, de ma marchandise, ma femme trouvée pendue à une poutre.

Abasourdi de détresse et n'ayant que ses débiles paumes pour voiler ses yeux qui s'emplissent de tout un ciel de larmes, ce voisin de Troffea voit ensuite des gens quitter leur pas de porte de la rue du Jeu-des-Enfants en pirouettant sur eux-mêmes pour rejoindre la carole dans le sillage d'Enneline. Le drapier se met à onduler et y va également. Il marque le rythme en frappant des mains.

CHAPTER 4

Dans un bâtiment officiel ayant une fenêtre de sa façade ouverte sur la rue des Arcades, le maire de Strasbourg en nage reçoit dans son bureau, comme tous les mardis, son petit conseil de surveillance:

— Alors, mes quatre Stettmeister, comment se porte la cité depuis la dernière fois?

Tandis qu'il entend, au-dessus du toit de l'hôtel de ville, une girouette grincer, l'un de ses adjoints déplore:

— À l'intérieur des fortifications la peste va son train, Ammeister Drachenfels, tout comme la lèpre, le choléra, la pourtant rare suette anglaise qui tue en deux jours, la syphilis importée récemment dans les bordels-étuves du quartier de la Petite France par des mercenaires rescapés revenus d'Italie, et puis il y a la typhoïde qui ...

— Oui, bon ben ça va, j'ai compris! interrompt l'Ammeister. Depuis janvier, côté épidémies, nous sommes servis. Mais quelle année 1518, pile celle de mon mandat! ... regrette Andreas Drachenfels.

Assis sur un tabouret dans l'ombre d'un mur, cet obèse brasseur désigné par les représentants des corporations strasbourgeoises pour se retrouver à la tête de la ville, passé la mi-juillet, n'en peut déjà vraiment plus:

— Sans compter que les fantastiques enchaînements de grands froids, d'inondations, de sécheresse, détruisant absolument toutes les récoltes de nos terres pour la quatrième année de suite, le peuple de Strasbourg qui en crève, au bout d'un moment, moi ...

Coiffé de ce qui ressemble à un chapeau melon trop petit attaché par deux lacets noués sous le menton, à l'aide d'un délicat mouchoir en dentelle, il tamponne son front comme pris d'une des fièvres locales mais, lui, c'est à cause de la canicule qu'il transpire. Il porte un bock en étain, empli de bière, entre ses grosses moustaches cocasses dont les extrémités en pointe montent ou s'abaissent selon son humeur. Après qu'elles se sont piquetées d'une mousse blanche et ont un peu descendu: « Bon, le houblon date et l'eau sent la boue mais au moins ça réhydrate », elles se relèvent comme des ailes prenant leur envol car l'Ammeister, sous l'emprise de l'alcool frelaté, se met à rêver:

— J'ai le souvenir d'une merveilleuse ville libre et saine que le monde enviait et surnommait Schlàràffelànd (pays de cocagne). C'était alors à foison qu'elle battait ses propres florins d'or, cette perle républicaine, enchâssée dans le Saint Empire romain germanique, que la nature avait admirablement favorisée. Autour des remparts, sous un climat tempéré, les plaines nous appartenant offraient avec générosité tous les végétaux. Notre cité était également appelée la cave à vin, la grange à blé, le garde-manger des pays environnants. Les étals de nos marchés débordaient pour chacun de fruits délicieux, de gibiers, de volailles, longés par des colporteurs tendant à bout de bras les feuilles volantes largement diffusées des graveurs-imagiers qui représentaient des scènes pittoresques et joyeuses de Strasbourg. Nous avions le meilleur marché aux poissons du Saint Empire parce qu'un fleuve impassible nous fournissait toutes les variétés d'eau douce et même quelques espèces voyageuses empruntées à la mer du Nord ...

— À ce propos, Ammeister, intervient un deuxième adjoint municipal navré de casser l'ambiance, on s'est aperçu que les torrents de boue provenant des grands débordements du Rhin fin mai, en atteignant la ville, ont miné les soubassements de la tour des fortifications de la porte de Saverne. On y a remarqué hier des fissures inquiétantes, constaté qu'une partie des enceintes risque de bientôt s'effondrer alors que l'attaque turque se précise ...

— Ah oui, c'est vrai, il y a aussi le danger turc ..., soupire Drachenfels après s'être enfilé une autre gorgée de bière. Et sinon, vous n'auriez pas quand même une bonne nouvelle?

Le troisième Stettmeister prend la parole:

— Rue du Jeu-des-Enfants, des gens dansent.

— Ah bon, ils trouvent qu'il y a de quoi danser en ce moment? Si ça leur chante ...

— Depuis presque une semaine, relate le quatrième adjoint, ils sont de plus en plus nombreux à se lancer dans des rondes, des farandoles, sans s'arrêter jour et nuit. Beaucoup en tombent d'épuisement, se blessent.

Les moustaches d'Andreas Drachenfels s'affaissent comme les nageoires d'un phoque:

— Ah bon? Qu'est-ce que c'est que ça encore?

CHAPTER 5

— Eh bien, les danseurs, n'entendez-vous donc plus l'appel de la messe?! Deviendriez-vous sourds au dieu des catholiques? ...

Alors que les cloches de la cathédrale sonnent à toute volée, un nuage noir d'ecclésiastiques – moines, clercs, curés, femmes sous des voiles qu'on prend en religion – déboulent à un bout de la rue du Jeu-des-Enfants en poussant leurs croassements – « Cessez de danser! » – d'oiseaux de mauvais augure.

« Vous bafouez le Seigneur qui vous vouera à bien d'autres tourments! » promet l'un qui s'approche. « Allez brûler dans l'Enfer en châtiment de cette folie! » s'époumone un autre les touchant presque. Quant à celuilà, il crache son vitriol: « Les ténèbres totales vont bientôt vous plonger dans une nuit opaque. Il va vous arriver ce qui jamais ne fut! », et se trouve pris dans l'élan d'un Rheinländer (ronde des cigognes) qui le bouscule et le roule tandis qu'il poursuit: « Jetez aux flammes votre sorcellerie! »

Parmi cette foule de jambes agitées, jupons tournoyants, bras dessus, bras dessous, où ça virevolte, saute en l'air, des prêtres pratiquent des exorcismes en hurlant d'antiques incantations à l'oreille des déhanchés qu'ils aspergent d'eau bénite. Les sabots font clip-clap, chacun pour eux se conduit mal. À un farandoleur épuisé s'adossant contre un mur – on dirait un ange fatigué reposant ses ailes – un clerc promet: « Tu as dansé. Ceci te sera défalqué de ta portion de Paradis. » L'incriminé répond: « Ah, l'Enfer est ici. L'autre me fait moins peur » et il retourne vers où tout se déforme et se perd, à l'autre extrémité de la voie qui déborde sur la place du marché aux vins par laquelle arrivent les médecins.

(Continues…)


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